Vinciane Devaux – Psychologue

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D’où vient la peur du regard des autres?

D'où vient la peur du regard des autres?

Depuis notre plus jeune âge, nous subissons le regard de l’autre. Ce regard qui juge et transperce notre intégrité jusqu’à la remettre en cause. Mais d’où ça vient ? D’un manque de confiance ? D’une peur du jugement ? D’un manque d’amour ?

 

Le regard c’est d’abord « une action de regarder ». C’est une expression des yeux de la personne qui regarde (Dictionnaire Le Robert). C’est d’ailleurs un des premier moyen d’expression que l’on découvre à notre naissance. Lorsque le parent adresse un regard sur le nourrisson que nous étions pour nous rencontrer. Ce regard vient témoigner de notre existence. Dans l’inconscient, voilà ce qu’il se passe « Si on me regarde, alors j’existe puisque l’on me remarque ». 

 

Mais là où la chose glisse, est lorsque cette action de regarder se transforme en manière de contrôler. Il y a une expression qui dit « porter un regard sur » qui en droit juridique veut dire « avoir le droit de surveiller, de contrôler ». Là est le carrefour du regard et du jugement. Il est donc important de distinguer le regard qui est une action, du jugement qui est une intention avec une valeur affective. Qui affecte, qui appelle les émotions.

Peur du regard des autres

Chez l'enfant

L’attachement entre la mère et son enfant se concrétise par le regard. C’est avec le temps que le bébé a moins besoin de regarder sa mère puisqu’il la rencontré, il la connait. C’est ainsi que l’on découvre le monde: à travers des regards. Un enfant apprend à décrypter le regard de son parent lorsque celui-ci est en colère, surpris, triste ou heureux. Cela lui permet d’avoir le bon comportement au bon moment. Ainsi il arrive à ajuster son comportement pour ne pas être en décalage avec le monde qui l’entoure.

 

L’autre aura toujours un message dans son regard, et c’est ça qu’il faut apprendre à percevoir de façon juste. N’oublions pas que notre propre regard est également vecteur d’un message. Il y a une interaction dans les regards. Mais les émotions nous détournent parfois de la réalité et l’interprétation du regard peut parfois être mauvaise et se trouver justement en décalage par rapport au message envoyé.

 

L’environnement dans lequel grandit l’enfant lui distribue des punitions et des récompenses pour l’éduquer. Mais c’est parfois accompagné de regard très violent pour un enfant. Ce qui aura tendance à renforcer certaines de ses conduites et de ses impressions, et à en éliminer d’autres. Il est important de lui expliquer ces injonctions, afin de lui éviter un sentiment de persécution.

Chez l'adolescent

Quand nous devenons adolescent, le regard est notre pire ennemi. Non seulement le nôtre avec ce jugement critique sur notre corps, nos formes, nos capacités, mais en plus celui de l’autre qui parait si dénigrant. C’est l’âge où le désir prend vie. Une vie sexuelle pointe le bout de son nez avec la maturation du corps et il s’agit alors de se plaire et de plaire à l’autre. Et cela laisse malheureusement des empreintes. Si on a croisé un regard humiliant, douteux de LA personne qui nous intéressait ou à qui l’on veut ressembler, c’est comme si cette blessure intérieure ne pourrait jamais cicatriser. 

 

Il est alors primordial d’avoir un entourage bienveillant, qui permet au jeune de se confier et de voir les choses avec plus de parcimonie qu’il ne l’interprète. Il doit apprendre à faire des choix qui lui correspondent mieux afin de croiser les regards qui participeront à une construction identitaire stable. Mais pour cela, il faut lui montrer le bon regard à avoir sur les choses. Il est possible d’agir sur sa mentalité globale des choses en étant à ses côtés et en renforçant ses capacités, ses réussites et sa personnalité. Il faut lui donner l’occasion de prouver son identité, tout en l’accompagnant dans ce qu’il vit comme des échecs.

Chez l'adulte

Et puis arrive le début de la vie d’adulte, où l’on apprend à mettre à distance les mauvaises expériences de vie. On se renarcissise avec notre diplôme, nos savoir-faire, nos amis, nos relations. Ce jugement de valeur subie à l’adolescence devient moins envahissant mais reste en toile de fond. Nous allons contrebalancer les jugements de valeur avec une acquisition intellectuelle et matérielle qui devient possible en grandissant.

 

Mais pourquoi continuer à avoir peur du regard de l’autre ? Pourquoi avons-nous peur de ne pas lui plaire, de ne pas être à la hauteur, de ne pas en valoir la peine. Inconsciemment nous donnons une importance folle à ce regard qui peut parfois tomber dans quelque chose de l’ordre de la persécution.

Pourquoi a-t-on peur de l'autre?

Nos expériences de vie nous forment et laissent des traces. Le « moi » se construit également avec la façon dont l’individu prend en compte ses évènements de vie. 

 

Une femme violée se verra au travers du regard de celui qui l’a souillé, un enfant battu par ce regard si agressif se verra comme ne méritant pas l’amour de l’autre, un ado renié par les regards moqueurs se verra comme devant rester à part, un élève humilié en public par un regard de professeur en colère se verra comme un échec, une personne dans le besoin se verra comme exclu et sans valeur, un membre de la famille qui prend trop de place peut ne plus voir les autres qui s’en trouvent délaissés, une trahison met à mal l’honnêteté des regards et il existe tellement d’autres exemples.

 

Alors selon votre parcours de vie, la peur du regard vient forcément d’un évènement que vous avez traversé, d’un regard que vous avez croisé, mais surtout du sens que vous y accordez. 

Comment dépasser sa peur du regard

Heureusement il existe la résilience. La résilience est une capacité à surmonter les chocs traumatiques. Nous pouvons rebondir après un évènement difficile. Nous sommes définis par nos actes et nos pensées, alors si nous changeons notre façon de penser, notre regard ne sera plus intimidé par les autres regards. Parfois, nous avons beau subir les pires évènements, cela nous donne une impulsion de vie qui nous propulse au-dessus des obstacles qui s’en suivent. Mais cela demande une modification de la représentation du regard que nous posons sur ces évènements. Il ne s’agit pas de se faire une raison, mais de trouver une explication qui nous touchera dans notre propre confiance.

 

Notre histoire est marquée d’expériences positives ou négatives. Il s’agit d’y porter un regard pour comprendre l’impact de celles-ci et y apporter un nouveau regard, plus juste et plus mature.

 

Il est possible de prendre de la hauteur sur une situation et de ramener de la réalité dans un vécu trop fort. C’est ce que je vous propose en thérapie : apporter un nouveau regard et traiter l’ancien pour le voir de manière plus apaisée.