D'où vient la peur du regard des autres?
Depuis notre plus jeune âge, nous subissons le regard de l’autre. Ce regard qui juge et transperce notre intégrité jusqu’à la remettre en cause.
Mais d’où vient ce sentiment ? D’un manque de confiance ? D’une peur du jugement ? D’un manque d’amour ?
Le regard c’est d’abord « une action de regarder ». C’est une expression des yeux de la personne qui regarde (Dictionnaire Le Robert).
C’est d’ailleurs un des premiers moyens d’expression que l’on découvre à notre naissance. Lorsque le parent adresse un regard sur le nourrisson pour le rencontrer. Ce regard vient témoigner de son existence. Dans l’inconscient, voilà ce qu’il se passe : « Si on me regarde, alors j’existe puisque l’on me remarque ».
Du regard au contrôle
Mais l’ambiguïté arrive lorsque cette action de regarder se transforme en manière de contrôler. Il y a une expression qui dit « porter un regard sur », qui en droit juridique signifie : avoir le droit de surveiller, de contrôler.
Là est le carrefour du regard et du jugement. Il est donc important de distinguer le regard qui est une action, du jugement qui est une intention avec une valeur affective. Qui affecte, qui appelle les émotions.
Peur du regard des autres chez l'enfant
L’attachement entre la mère et son enfant passe par le regard.
Regards et interactions
C’est ainsi que l’on découvre le monde : à travers des regards. Un enfant apprend à décrypter le regard de son parent lorsque celui-ci est en colère, surpris, triste ou heureux. Cela lui permet de s’adapter et d’avoir le bon comportement au bon moment.
Ainsi l’enfant arrive à ajuster son comportement pour ne pas être en décalage avec le monde qui l’entoure.
L’autre aura toujours un message dans son regard, et c’est ce message qu’il faut apprendre à percevoir de façon juste. N’oublions pas que notre propre regard est également vecteur d’un message.
Regards et interprétations
Mais les émotions nous détournent parfois de la réalité et l’interprétation du regard peut parfois être mauvaise et se trouver justement en décalage par rapport au message envoyé.
L’entourage dans lequel grandit l’enfant lui distribue des punitions et des récompenses pour l’éduquer. Mais c’est parfois accompagné de regards très violents pour un enfant. Ce qui aura tendance à renforcer certaines de ses conduites et de ses impressions, et à en éliminer d’autres. Il est important de lui expliquer ces injonctions, afin de lui éviter un sentiment de persécution.
Peur du regard des autres chez l'adolescent
Quand nous devenons adolescent, le regard est notre pire ennemi. Non seulement le nôtre avec ce jugement critique sur notre corps, nos formes, nos capacités, mais en plus celui de l’autre qui parait si dénigrant.
L’adolescence est également l’âge où le désir prend vie. Une vie sexuelle pointe le bout de son nez avec la maturation du corps et il s’agit alors de se plaire et de plaire à l’autre. Et cela laisse malheureusement des traces. Si, adolescent, on a croisé un regard humiliant, douteux de LA personne qui nous intéressait ou à qui l’on voulait ressembler, cela devient comme une blessure intérieure qui ne peut cicatriser.
Adolescence : une période difficile
Il est alors primordial d’avoir un entourage bienveillant, qui permet au jeune de se confier et de voir les choses avec plus de parcimonie qu’il ne l’interprète. Il doit apprendre à faire des choix qui lui correspondent mieux afin de croiser les regards qui participeront à une construction identitaire stable et positive.
Mais pour cela, il faut lui montrer le bon regard à avoir sur les choses. Il est possible d’agir sur sa mentalité globale en étant à ses côtés et en renforçant ses capacités, ses réussites et sa personnalité. Il faut lui donner l’occasion de prouver son identité, tout en l’accompagnant dans ce qu’il vit comme des échecs mais qui sont des expériences.
Peur du regard des autres chez l'adulte
Et puis arrive le début de la vie d’adulte, où l’on apprend à mettre à distance les mauvaises expériences de vie. On se renarcissise avec notre diplôme, nos savoir-faire, nos amis, nos relations. Le jugement de valeur subi à l’adolescence devient moins envahissant mais reste en toile de fond. Nous allons contrebalancer les jugements de valeur avec des acquisitions intellectuelles et matérielles devenues possibles en grandissant.
La peur du regard de l’autre qui perdure
Mais pourquoi continuer à avoir peur du regard de l’autre ? Pourquoi avons-nous peur de ne pas lui plaire, de ne pas être à la hauteur, de ne pas en valoir la peine ?
Inconsciemment nous donnons une importance folle à ce regard qui peut parfois tomber dans quelque chose de l’ordre de la persécution.
Pourquoi la peur du regard de l'autre perdure ?
Nos expériences de vie nous forment et laissent des traces. Le « moi » se construit également selon la façon dont l’individu prend en compte les évènements de sa vie.
- Une femme violée se verra au travers du regard de celui qui l’a souillée,
- un enfant battu par ce regard si agressif se verra comme ne méritant pas l’amour de l’autre,
- un ado renié par les regards moqueurs se verra comme devant rester à part,
- un élève humilié en public par un regard de professeur en colère se verra comme un échec,
- une personne dans le besoin se verra comme exclu et sans valeur,
- un membre de la famille qui prend trop de place peut ne plus voir les autres qui s’en trouvent délaissés,
Une trahison met à mal l’honnêteté des regards et il existe tellement d’autres exemples.
Alors selon votre parcours de vie, la peur du regard vient forcément d’un évènement que vous avez traversé, d’un regard que vous avez croisé mais surtout du sens que vous lui accordez.
La résilience et comment dépasser sa peur du regard
Heureusement il existe la résilience.
La résilience est une capacité à surmonter les chocs traumatiques. En effet, nous pouvons rebondir après un évènement difficile. Nous sommes définis par nos actes et nos pensées, alors si nous changeons notre façon de penser, notre regard ne sera plus intimidé par les autres regards.
Parfois, nous avons beau subir les pires évènements, cela nous donne une impulsion de vie qui nous propulse au-delà des obstacles qui se présentent. Mais cela demande une modification de la représentation du regard que nous posons sur ces évènements.
Notre histoire est marquée d’expériences positives ou négatives. Il s’agit d’y porter un regard pour comprendre l’impact de celles-ci et d’y apporter un nouveau regard, plus juste et plus mature.
Il est possible de prendre de la hauteur sur une situation et de ramener de la réalité dans un vécu trop fort.
C’est ce que je vous propose en thérapie : apporter un nouveau regard et traiter l’ancien pour le voir de manière plus apaisée.